dimanche 25 avril 2021

La Commune et l’Église catholique : une attitude inscrite dans la filiation de la Révolution Française

 Cet article est paru, dans une version raccourcie, dans le dossier "Vive la Commune"

de Salut et Fraternité, le trimestriel du CAL-Liège, n°113 d'avril-juin 2021, p.7

 

Évoquer le rapport entre la Commune et l’Eglise c’est évidemment souligner combien, dans la foulée de 1789, la Commune voulut s’attaquer au cléricalisme et à l’influence de l’église catholique dans la vie sociale et la politique. Au-delà d’une Église au service des puissants et très peu à l’écoute réelle des plus pauvres, le soutien de l’épiscopat au Second Empire illustrera le poids du « parti clérical » et explique très largement les décisions des Communards envers l’institution religieuse.

De manière très symbolique, la Commune va remettre à l’avant plan le calendrier républicain (mis en vigueur par Robespierre en 1793 et supprimé par Napoléon en 1806) et dater ses affiches et proclamations avec ce dernier. Le Journal officiel, lui, restera au calendrier « classique ». Il en sera de même avec les journaux ou Le Cri du Peuple de Jules Vallès ne changera pas tandis que Le Père Duchesne de Vermersch date son numéro 1 du 16 ventôse an 79. Rappelons que le calendrier républicain supprimait le nom des saints de chaque jour au profit de productions nationales et instruments ruraux associés aux saisons concernées.  Les fêtes religieuses étaient aussi supprimées au profit de fêtes républicaines.

Un autre lien direct avec la période de la Ière république sera la prolifération des Clubs qui, outre dans des salles de fêtes et des amphithéâtres universitaires, se réuniront comme en 1789 (rappelons-nous que les tendances politiques dites des Cordeliers ou des Jacobins, par exemple, devaient leur nom aux congrégations religieuses dont ils occupaient les locaux pour se réunir) dans des Eglises. Ces clubs seront l’expression la plus horizontale et la plus radicale de la politique sous la Commune. Citons celui des Prolétaires qui se réunissait à Saint-Ambroise. Ou le Cercle des Jacobins à l’église Saint-Lambert. Ceux de Saint-Germain et de Saint-Sulpice, mais aussi le club féminin de la Délivrance à l’église de la Trinité. Les femmes étaient d’ailleurs particulièrement présentes et actives dans les clubs. Soulignons que les réquisitions des Eglises n’étaient pas totales, les offices se déroulant de la journée tandis que les clubs prenaient possession des lieux à partir de 17h finançant l’éclairage et le chauffage par le droit d’entrée à la réunion.

Au-delà des décisions extrêmement importantes concernant l’enseignement et le fait de sortir l’instruction de l’influence des congrégations religieuses[1] pour aller vers un enseignement laïque  mixte et gratuite, la Commune proclamera surtout le 2 avril la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Une séparation qui permet d’ailleurs la laïcisation de l’enseignement. Le projet présenté par le citoyen Pyat, au nom de la Commission exécutive, est adopté à l’unanimité. Les principes édictés en son clair et précis comme on peut le lire dans Le Journal officiel : « La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté. Décrète :  Art. 1. L’Église est séparée de l’État. Art. 2. Le budget des cultes est supprimé. Art. 3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales. Art.4 Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation »[2]. Tant le principe que les conséquences financières pour l’Eglise feront de ce décret un des principaux chiffons agités par la réaction contre la Commune. Chiffon qui sera d’autant plus agité que quelques jours plus tard, le 6 avril la Commune prend un décret sur les otages et arrête notamment sur base de celui-ci l’archevêque de Paris Mgr d’Arboy. Le décret du 6 avril est une réaction aux massacres par les troupes Versaillaises des prisonniers qu’ils font lors de la tentative d’offensives de fédérés des 3-4 avril, notamment les exécutions de Flourens et Duval.

Avec l’évolution de la situation militaire défavorable à la Commune et les massacres perpétrés par les lignards de Versailles, la tension et la fureur antireligieuse va aller crescendo. Au-delà des caricatures, profanations et cérémonies parodiques, cet anticléricalisme se marquera par des destructions ciblées comme celle de la chapelle Béria, érigée en hommage à un général tué lors de la Révolution de juin 1848 à laquelle nombre de Communards avaient déjà participé. Et bien entendu avec l’exécution de Mgr d’Arboy le 24 mai durant la semaine sanglante (22 autres religieux subiront le même sort) alors que depuis 72 heures hommes, femmes et enfants soupçonnés d’appartenir à la Commune sont fusillés en masses au fur et à mesure de la progression des troupes versaillaises dans Paris. Un massacre systématique destiné à « purifier » la ville et qui fera plusieurs milliers de victimes sur cette seule semaine auquel il faut ajouter les morts en déportation et ceux assassinés après avoir été faits prisonniers dans les combats.

Cet anticléricalisme de la Commune de Paris ne sera pas pardonné par l’Eglise qui voudra marquer de son empreinte la ville de Paris. Elle fera donc construire là où tout a commencé, au sommet de la butte Montmartre, une basilique dite « du sacré cœur ». Ce dernier (un cœur surmonté d’une croix) est un symbole particulièrement fort. Accompagné de l’inscription « Dieu, le Roi » c’était celui des Chouans et des Vendéens contre la Révolution. Aujourd’hui encore il est utilisé par les groupes ultra-catholiques d’extrême droite.

Terminons par une note plus légère ne datant pas de cette époque mais y faisant référence : la célèbre boisson mélangeant 1/3 de cassis et 2/3 de vin blanc inventé dans les années 1950 par le chanoine député/marie de Dijon (qui siégeait au parlement en soutane) Félix Kir connaîtra rapidement des déclinaisons, notamment avec du vin rouge. On parle alors selon les tendances de Cardinal ou de Communard (certains font une distinction sur le type de vin rouge : un Bourgogne rouge -généralement de cépage Pinot noir, sauf le Passetoutgrains qui lui associe le Gamay – pour le  « Cardinal »; avec un Beaujolais -donc du Gamay - pour le « Communard »)



[1] Voir l’article de … dans ce même numéro p.

[2] Journal Officiel de la République française n°93 du lundi 3 avril 1871, p.1, col.1. (coll. De l’auteur)

Évoquer le rapport entre la Commune et l’Église, c’est évidemment souligner combien, dans la foulée de 1789, la Commune voulut s’attaquer au cléricalisme et à l’influence de l’Église catholique dans la vie sociale et la politique. Au-delà d’une Église au service des puissants et très peu à l’écoute réelle des plus pauvres, le soutien de l’épiscopat au Second Empire (1852–1870) illustrera le poids du « parti clérical » et explique très largement les décisions des Communards envers l’institution religieuse1.


De manière très symbolique, la Commune va remettre à l’avant-plan le calendrier républicain (mis en vigueur par Robespierre en 1793 et supprimé par Napoléon en 1806) supprimant dès lors le nom des saints de chaque jour au profit de productions nationales et instruments ruraux associés aux saisons concernées. Les fêtes religieuses étaient aussi supprimées au profit de fêtes républicaines.

Un autre lien direct avec la période de la Première République sera la prolifération des clubs qui, outre dans des salles de fêtes et des amphithéâtres universitaires, se réuniront comme en 1789 dans des églises. Ces clubs seront l’expression la plus horizontale et la plus radicale de la politique sous la Commune. Soulignons que les réquisitions des églises n’étaient pas totales, les offices se déroulant dans la journée tandis que les clubs prenaient possession des lieux à partir de 17 h finançant l’éclairage et le chauffage par le droit d’entrée à la réunion.

Au-delà des décisions extrêmement importantes concernant l’enseignement et le fait de sortir l’instruction de l’influence des congrégations religieuses2 pour aller vers un enseignement laïque mixte et gratuit, la Commune proclamera surtout le 2 avril, la séparation de l’Église et de l’État. Les principes édictés en sont clairs et précis : « La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté. Décrète : Art.1. L’Église est séparée de l’État. Art.2. Le budget des cultes est supprimé. Art.3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales. Art.4. Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation 3 ». Tant le principe que les conséquences financières pour l’Église feront de ce décret un des principaux chiffons agités par la réaction contre la Commune. Chiffon qui sera d’autant plus agité que quelques jours plus tard, le 6 avril la Commune prend un décret sur les otages et arrête notamment sur base de celui-ci l’archevêque de Paris Mgr d’Arboy.

Avec l’évolution de la situation militaire défavorable à la Commune et les massacres perpétrés par les lignards de Versailles, la tension et la fureur antireligieuse va aller crescendo. Au-delà des caricatures, profanations et cérémonies parodiques, cet anticléricalisme se marquera par des destructions ciblées. L’exécution de Mgr d’Arboy le 24 mai durant la semaine sanglante (22 autres religieux subiront le même sort) alors que depuis 72 heures, hommes, femmes et enfants soupçonnés d’appartenir à la Commune sont fusillés en masse au fur et à mesure de la progression des troupes versaillaises dans Paris. Un massacre systématique destiné à « purifier » la ville et qui fera plusieurs milliers de victimes sur cette seule semaine auxquelles il faut ajouter les morts en déportation et ceux assassinés après avoir été faits prisonniers dans les combats.

Cet anticléricalisme de la Commune de Paris ne sera pas pardonné par l’Église qui voudra marquer de son empreinte la ville de Paris. Elle fera donc construire là où tout a commencé, au sommet de la butte Montmartre, une basilique dite « du sacré cœur ». Ce dernier (un cœur surmonté d’une croix) est un symbole particulièrement fort. Accompagné de l’inscription « Dieu, le Roi » c’était celui des Chouans et des Vendéens contre la Révolution. Aujourd’hui encore il est utilisé par les groupes ultra-catholiques d’extrême droite.

Évoquer le rapport entre la Commune et l’Église, c’est évidemment souligner combien, dans la foulée de 1789, la Commune voulut s’attaquer au cléricalisme et à l’influence de l’Église catholique dans la vie sociale et la politique. Au-delà d’une Église au service des puissants et très peu à l’écoute réelle des plus pauvres, le soutien de l’épiscopat au Second Empire (1852–1870) illustrera le poids du « parti clérical » et explique très largement les décisions des Communards envers l’institution religieuse1.


De manière très symbolique, la Commune va remettre à l’avant-plan le calendrier républicain (mis en vigueur par Robespierre en 1793 et supprimé par Napoléon en 1806) supprimant dès lors le nom des saints de chaque jour au profit de productions nationales et instruments ruraux associés aux saisons concernées. Les fêtes religieuses étaient aussi supprimées au profit de fêtes républicaines.

Un autre lien direct avec la période de la Première République sera la prolifération des clubs qui, outre dans des salles de fêtes et des amphithéâtres universitaires, se réuniront comme en 1789 dans des églises. Ces clubs seront l’expression la plus horizontale et la plus radicale de la politique sous la Commune. Soulignons que les réquisitions des églises n’étaient pas totales, les offices se déroulant dans la journée tandis que les clubs prenaient possession des lieux à partir de 17 h finançant l’éclairage et le chauffage par le droit d’entrée à la réunion.

Au-delà des décisions extrêmement importantes concernant l’enseignement et le fait de sortir l’instruction de l’influence des congrégations religieuses2 pour aller vers un enseignement laïque mixte et gratuit, la Commune proclamera surtout le 2 avril, la séparation de l’Église et de l’État. Les principes édictés en sont clairs et précis : « La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté. Décrète : Art.1. L’Église est séparée de l’État. Art.2. Le budget des cultes est supprimé. Art.3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales. Art.4. Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation 3 ». Tant le principe que les conséquences financières pour l’Église feront de ce décret un des principaux chiffons agités par la réaction contre la Commune. Chiffon qui sera d’autant plus agité que quelques jours plus tard, le 6 avril la Commune prend un décret sur les otages et arrête notamment sur base de celui-ci l’archevêque de Paris Mgr d’Arboy.

Avec l’évolution de la situation militaire défavorable à la Commune et les massacres perpétrés par les lignards de Versailles, la tension et la fureur antireligieuse va aller crescendo. Au-delà des caricatures, profanations et cérémonies parodiques, cet anticléricalisme se marquera par des destructions ciblées. L’exécution de Mgr d’Arboy le 24 mai durant la semaine sanglante (22 autres religieux subiront le même sort) alors que depuis 72 heures, hommes, femmes et enfants soupçonnés d’appartenir à la Commune sont fusillés en masse au fur et à mesure de la progression des troupes versaillaises dans Paris. Un massacre systématique destiné à « purifier » la ville et qui fera plusieurs milliers de victimes sur cette seule semaine auxquelles il faut ajouter les morts en déportation et ceux assassinés après avoir été faits prisonniers dans les combats.

Cet anticléricalisme de la Commune de Paris ne sera pas pardonné par l’Église qui voudra marquer de son empreinte la ville de Paris. Elle fera donc construire là où tout a commencé, au sommet de la butte Montmartre, une basilique dite « du sacré cœur ». Ce dernier (un cœur surmonté d’une croix) est un symbole particulièrement fort. Accompagné de l’inscription « Dieu, le Roi » c’était celui des Chouans et des Vendéens contre la Révolution. Aujourd’hui encore il est utilisé par les groupes ultra-catholiques d’extrême droite.


  1. Voir sous la direction de Michel Cordillot, La Commune de Paris 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux, (coll. Le Maitron) Paris, éditions de l’Atelier, 2020. Principalement Cordillot, Michel, Les clubs sous la Commune, pp.243–246 Lalouette, Jacqueline, L’anticléricalisme sous la Commune, pp.682–684.
  2. Voir l’article de Jean-François Dupeyron dans ce même numéro p.8.
  3. Journal Officiel de la République française n° 93 du lundi 3 avril 1871, p.1, col.1. (coll. De l’auteur).

Évoquer le rapport entre la Commune et l’Église, c’est évidemment souligner combien, dans la foulée de 1789, la Commune voulut s’attaquer au cléricalisme et à l’influence de l’Église catholique dans la vie sociale et la politique. Au-delà d’une Église au service des puissants et très peu à l’écoute réelle des plus pauvres, le soutien de l’épiscopat au Second Empire (1852–1870) illustrera le poids du « parti clérical » et explique très largement les décisions des Communards envers l’institution religieuse1.


De manière très symbolique, la Commune va remettre à l’avant-plan le calendrier républicain (mis en vigueur par Robespierre en 1793 et supprimé par Napoléon en 1806) supprimant dès lors le nom des saints de chaque jour au profit de productions nationales et instruments ruraux associés aux saisons concernées. Les fêtes religieuses étaient aussi supprimées au profit de fêtes républicaines.

Un autre lien direct avec la période de la Première République sera la prolifération des clubs qui, outre dans des salles de fêtes et des amphithéâtres universitaires, se réuniront comme en 1789 dans des églises. Ces clubs seront l’expression la plus horizontale et la plus radicale de la politique sous la Commune. Soulignons que les réquisitions des églises n’étaient pas totales, les offices se déroulant dans la journée tandis que les clubs prenaient possession des lieux à partir de 17 h finançant l’éclairage et le chauffage par le droit d’entrée à la réunion.

Au-delà des décisions extrêmement importantes concernant l’enseignement et le fait de sortir l’instruction de l’influence des congrégations religieuses2 pour aller vers un enseignement laïque mixte et gratuit, la Commune proclamera surtout le 2 avril, la séparation de l’Église et de l’État. Les principes édictés en sont clairs et précis : « La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté. Décrète : Art.1. L’Église est séparée de l’État. Art.2. Le budget des cultes est supprimé. Art.3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales. Art.4. Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation 3 ». Tant le principe que les conséquences financières pour l’Église feront de ce décret un des principaux chiffons agités par la réaction contre la Commune. Chiffon qui sera d’autant plus agité que quelques jours plus tard, le 6 avril la Commune prend un décret sur les otages et arrête notamment sur base de celui-ci l’archevêque de Paris Mgr d’Arboy.

Avec l’évolution de la situation militaire défavorable à la Commune et les massacres perpétrés par les lignards de Versailles, la tension et la fureur antireligieuse va aller crescendo. Au-delà des caricatures, profanations et cérémonies parodiques, cet anticléricalisme se marquera par des destructions ciblées. L’exécution de Mgr d’Arboy le 24 mai durant la semaine sanglante (22 autres religieux subiront le même sort) alors que depuis 72 heures, hommes, femmes et enfants soupçonnés d’appartenir à la Commune sont fusillés en masse au fur et à mesure de la progression des troupes versaillaises dans Paris. Un massacre systématique destiné à « purifier » la ville et qui fera plusieurs milliers de victimes sur cette seule semaine auxquelles il faut ajouter les morts en déportation et ceux assassinés après avoir été faits prisonniers dans les combats.

Cet anticléricalisme de la Commune de Paris ne sera pas pardonné par l’Église qui voudra marquer de son empreinte la ville de Paris. Elle fera donc construire là où tout a commencé, au sommet de la butte Montmartre, une basilique dite « du sacré cœur ». Ce dernier (un cœur surmonté d’une croix) est un symbole particulièrement fort. Accompagné de l’inscription « Dieu, le Roi » c’était celui des Chouans et des Vendéens contre la Révolution. Aujourd’hui encore il est utilisé par les groupes ultra-catholiques d’extrême droite.


  1. Voir sous la direction de Michel Cordillot, La Commune de Paris 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux, (coll. Le Maitron) Paris, éditions de l’Atelier, 2020. Principalement Cordillot, Michel, Les clubs sous la Commune, pp.243–246 Lalouette, Jacqueline, L’anticléricalisme sous la Commune, pp.682–684.
  2. Voir l’article de Jean-François Dupeyron dans ce même numéro p.8.
  3. Journal Officiel de la République française n° 93 du lundi 3 avril 1871, p.1, col.1. (coll. De l’auteur).

Évoquer le rapport entre la Commune et l’Église, c’est évidemment souligner combien, dans la foulée de 1789, la Commune voulut s’attaquer au cléricalisme et à l’influence de l’Église catholique dans la vie sociale et la politique. Au-delà d’une Église au service des puissants et très peu à l’écoute réelle des plus pauvres, le soutien de l’épiscopat au Second Empire (1852–1870) illustrera le poids du « parti clérical » et explique très largement les décisions des Communards envers l’institution religieuse1.


De manière très symbolique, la Commune va remettre à l’avant-plan le calendrier républicain (mis en vigueur par Robespierre en 1793 et supprimé par Napoléon en 1806) supprimant dès lors le nom des saints de chaque jour au profit de productions nationales et instruments ruraux associés aux saisons concernées. Les fêtes religieuses étaient aussi supprimées au profit de fêtes républicaines.

Un autre lien direct avec la période de la Première République sera la prolifération des clubs qui, outre dans des salles de fêtes et des amphithéâtres universitaires, se réuniront comme en 1789 dans des églises. Ces clubs seront l’expression la plus horizontale et la plus radicale de la politique sous la Commune. Soulignons que les réquisitions des églises n’étaient pas totales, les offices se déroulant dans la journée tandis que les clubs prenaient possession des lieux à partir de 17 h finançant l’éclairage et le chauffage par le droit d’entrée à la réunion.

Au-delà des décisions extrêmement importantes concernant l’enseignement et le fait de sortir l’instruction de l’influence des congrégations religieuses2 pour aller vers un enseignement laïque mixte et gratuit, la Commune proclamera surtout le 2 avril, la séparation de l’Église et de l’État. Les principes édictés en sont clairs et précis : « La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté. Décrète : Art.1. L’Église est séparée de l’État. Art.2. Le budget des cultes est supprimé. Art.3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales. Art.4. Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation 3 ». Tant le principe que les conséquences financières pour l’Église feront de ce décret un des principaux chiffons agités par la réaction contre la Commune. Chiffon qui sera d’autant plus agité que quelques jours plus tard, le 6 avril la Commune prend un décret sur les otages et arrête notamment sur base de celui-ci l’archevêque de Paris Mgr d’Arboy.

Avec l’évolution de la situation militaire défavorable à la Commune et les massacres perpétrés par les lignards de Versailles, la tension et la fureur antireligieuse va aller crescendo. Au-delà des caricatures, profanations et cérémonies parodiques, cet anticléricalisme se marquera par des destructions ciblées. L’exécution de Mgr d’Arboy le 24 mai durant la semaine sanglante (22 autres religieux subiront le même sort) alors que depuis 72 heures, hommes, femmes et enfants soupçonnés d’appartenir à la Commune sont fusillés en masse au fur et à mesure de la progression des troupes versaillaises dans Paris. Un massacre systématique destiné à « purifier » la ville et qui fera plusieurs milliers de victimes sur cette seule semaine auxquelles il faut ajouter les morts en déportation et ceux assassinés après avoir été faits prisonniers dans les combats.

Cet anticléricalisme de la Commune de Paris ne sera pas pardonné par l’Église qui voudra marquer de son empreinte la ville de Paris. Elle fera donc construire là où tout a commencé, au sommet de la butte Montmartre, une basilique dite « du sacré cœur ». Ce dernier (un cœur surmonté d’une croix) est un symbole particulièrement fort. Accompagné de l’inscription « Dieu, le Roi » c’était celui des Chouans et des Vendéens contre la Révolution. Aujourd’hui encore il est utilisé par les groupes ultra-catholiques d’extrême droite.


  1. Voir sous la direction de Michel Cordillot, La Commune de Paris 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux, (coll. Le Maitron) Paris, éditions de l’Atelier, 2020. Principalement Cordillot, Michel, Les clubs sous la Commune, pp.243–246 Lalouette, Jacqueline, L’anticléricalisme sous la Commune, pp.682–684.
  2. Voir l’article de Jean-François Dupeyron dans ce même numéro p.8.
  3. Journal Officiel de la République française n° 93 du lundi 3 avril 1871, p.1, col.1. (coll. De l’auteur).

Évoquer le rapport entre la Commune et l’Église, c’est évidemment souligner combien, dans la foulée de 1789, la Commune voulut s’attaquer au cléricalisme et à l’influence de l’Église catholique dans la vie sociale et la politique. Au-delà d’une Église au service des puissants et très peu à l’écoute réelle des plus pauvres, le soutien de l’épiscopat au Second Empire (1852–1870) illustrera le poids du « parti clérical » et explique très largement les décisions des Communards envers l’institution religieuse1.


De manière très symbolique, la Commune va remettre à l’avant-plan le calendrier républicain (mis en vigueur par Robespierre en 1793 et supprimé par Napoléon en 1806) supprimant dès lors le nom des saints de chaque jour au profit de productions nationales et instruments ruraux associés aux saisons concernées. Les fêtes religieuses étaient aussi supprimées au profit de fêtes républicaines.

Un autre lien direct avec la période de la Première République sera la prolifération des clubs qui, outre dans des salles de fêtes et des amphithéâtres universitaires, se réuniront comme en 1789 dans des églises. Ces clubs seront l’expression la plus horizontale et la plus radicale de la politique sous la Commune. Soulignons que les réquisitions des églises n’étaient pas totales, les offices se déroulant dans la journée tandis que les clubs prenaient possession des lieux à partir de 17 h finançant l’éclairage et le chauffage par le droit d’entrée à la réunion.

Au-delà des décisions extrêmement importantes concernant l’enseignement et le fait de sortir l’instruction de l’influence des congrégations religieuses2 pour aller vers un enseignement laïque mixte et gratuit, la Commune proclamera surtout le 2 avril, la séparation de l’Église et de l’État. Les principes édictés en sont clairs et précis : « La Commune de Paris, Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté ; Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés ; Considérant que le budget des cultes est contraire au principe, puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi ; Considérant, en fait, que le clergé a été le complice des crimes de la monarchie contre la liberté. Décrète : Art.1. L’Église est séparée de l’État. Art.2. Le budget des cultes est supprimé. Art.3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales. Art.4. Une enquête sera faite immédiatement sur ces biens, pour en constater la nature et les mettre à la disposition de la nation 3 ». Tant le principe que les conséquences financières pour l’Église feront de ce décret un des principaux chiffons agités par la réaction contre la Commune. Chiffon qui sera d’autant plus agité que quelques jours plus tard, le 6 avril la Commune prend un décret sur les otages et arrête notamment sur base de celui-ci l’archevêque de Paris Mgr d’Arboy.

Avec l’évolution de la situation militaire défavorable à la Commune et les massacres perpétrés par les lignards de Versailles, la tension et la fureur antireligieuse va aller crescendo. Au-delà des caricatures, profanations et cérémonies parodiques, cet anticléricalisme se marquera par des destructions ciblées. L’exécution de Mgr d’Arboy le 24 mai durant la semaine sanglante (22 autres religieux subiront le même sort) alors que depuis 72 heures, hommes, femmes et enfants soupçonnés d’appartenir à la Commune sont fusillés en masse au fur et à mesure de la progression des troupes versaillaises dans Paris. Un massacre systématique destiné à « purifier » la ville et qui fera plusieurs milliers de victimes sur cette seule semaine auxquelles il faut ajouter les morts en déportation et ceux assassinés après avoir été faits prisonniers dans les combats.

Cet anticléricalisme de la Commune de Paris ne sera pas pardonné par l’Église qui voudra marquer de son empreinte la ville de Paris. Elle fera donc construire là où tout a commencé, au sommet de la butte Montmartre, une basilique dite « du sacré cœur ». Ce dernier (un cœur surmonté d’une croix) est un symbole particulièrement fort. Accompagné de l’inscription « Dieu, le Roi » c’était celui des Chouans et des Vendéens contre la Révolution. Aujourd’hui encore il est utilisé par les groupes ultra-catholiques d’extrême droite.


  1. Voir sous la direction de Michel Cordillot, La Commune de Paris 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux, (coll. Le Maitron) Paris, éditions de l’Atelier, 2020. Principalement Cordillot, Michel, Les clubs sous la Commune, pp.243–246 Lalouette, Jacqueline, L’anticléricalisme sous la Commune, pp.682–684.
  2. Voir l’article de Jean-François Dupeyron dans ce même numéro p.8.
  3. Journal Officiel de la République française n° 93 du lundi 3 avril 1871, p.1, col.1. (coll. De l’auteur).