jeudi 18 juillet 2019

Balises sur l'histoire de l'antifascisme à Liège

Ce texte est paru sous forme de deux articles dans
Aide-Mémoire n°89 de juillet-septembre 2019, p.5


l’antifascisme à Liège dans l’entre-deux guerres
Dès le début des années 20 un antifascisme, au sens premier du terme, se constitue à Liège au sein de l’immigration italienne qui a fui le régime de Mussolini. Cet antifascisme s’illustre notamment lors du 1er mai 1926 à Liège[1] par la présence d’un groupe de travailleurs italiens encadrant une banderole au message explicite : « Travailleurs, en ce jour, saluons les héros de la cause prolétarienne. Lavigni et Matteotti, assassinés par les chemises noires. Que le souvenir de la terreur de Turin et le carnage de Florence puisse vous unir dans la lutte contre le fascisme assassin. Vive le Premier Mai antifasciste ». Mais cette lutte antifasciste n’est pas purement idéologique et ne s’exprime pas uniquement via des slogans, elle est aussi physique, dans la rue. C’est ainsi que le défilé du 1er Mai est l’occasion d’une grande première : la présence des Milices de défense ouvrière (MDO). Et déjà une opposition concrète avec les groupements fascistes a lieu, les Communistes ayant saboté un meeting que la Légion nationale[2] avait organisé au Cirque des Variétés situé rue Longhienne, quelques jours plus tôt le 25 avril.
Début des années 30 un autre 1er mai, celui de 1933, sera le théâtre d’une démonstration symbolique qui restera dans les annales. Les cortèges socialistes et communistes font jonction devant le consulat du 3ème Reich dont est arraché de la façade le drapeau à croix gammée. Julien Lahaut, nouveau député communiste, l’emportera avec lui et quelques jours plus tard le déploiera à la tribune du parlement en clamant : « Voilà le drapeau nazi qu’à Liège, ont arraché les ouvriers communistes et socialistes unis. Quoi que vous fassiez, ils continueront, dans le pays, la lutte contre les menées des traîtres et des valets d’Hitler »[3].
L’année suivant, les événements en France vont donner un nouveau souffle et une nouvelle dimension à l’antifascisme. Le 6 février, une démonstration de force de l’extrême droite de l’époque – mobilisation à laquelle se réfèrent d’ailleurs encore aujourd’hui les récits de cette mouvance[4] – fait réagir une série de personnes.
le Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes (CVIA) est alors créé en mars 1934. Ce comité est placé sous le patronage des trois principales tendances de la gauche française de l’époque : les socialistes, les radicaux et les communistes. Le texte fondateur, qui est un manifeste adressé aux travailleurs, reçoit un bon accueil et une adhésion importante. À Liège, un comité local est créé qui rassemble de manière large, via notamment la loge Hiram qui en est à l’initiative, au-delà des querelles de chapelle qui existent déjà à l’époque. Si des tensions apparaîtront entre ses différentes composantes et que le CVIA aura une brève existence, il n’en apporte pas moins plusieurs éléments clefs :
1° Rassemblement au-delà des clivages et volonté de surpasser les divergences, y compris stratégiques
2° En réaction au danger d’une extrême droite offensive et en progression
3° Dans une volonté de pouvoir s’opposer à elle tant intellectuellement que matériellement
4° Le Comité est l’incarnation d’un esprit antifasciste qui perdurera après lui
5° Il est dans sa dimension rassembleuse, précurseur du FRONT populaire et dans la ligne de l’action antifasciste allemande du début des années 30 et de la volonté d’un Front uni contre le Nazisme.
Un dernier événement montre que l’antifascisme à Liège, dès cet époque, ne se limitait pas à une simple lutte idéologique à travers des brochures et des conférences mais avait déjà un aspect plus concret. C’est la dérouillée subie le 15 septembre 1936 par Léon Degrelle, chef de Rex, qui, par provocation, tenait à faire un meeting au cœur de la ville ouvrière de Seraing. Le meeting ayant été interdit par le bourgmestre, Degrelle loue un bateau mouche pour remonter la Meuse et y haranguer la foule. Massé sur les berges, les travailleurs bombardent l’embarcation forçant le bateau à faire demi-tour. Outre le lancement de barres de fer, de briques, de bouteilles… des coups de feu sont même tirés blessants des rexistes tandis que le bateau est obligé de s’enfuir.
 
Les fronts antifascistes à Liège après la guerre[1






C’est au milieu des années 1970 que l’on retrouve une première trace d’une structure clairement antifasciste à Liège. Il s’agit du « Front antifasciste et démocratique de Liège » dont le n°1 de son mensuel, Lutte démocratique, est daté d’octobre 1975. Ce front se crée pour réagir à l’ouverture d’un local du MSI à Liège[1]. Il est intéressant que, comme en 2019 avec le local de Nation en Saint-Léonard, un des moteurs de la création de ce front est la volonté de voir fermer un local et d’empêcher une structuration et une implantation de l’extrême droite à Liège. L’après 1968 est d’ailleurs une période de renaissance des groupes fascistes sous de nombreux noms, dont le Front de la Jeunesse qui sera plus tard central dans la création en 1985 du Front National par Daniel Féret.
Plus près de nous, un Front Antifasciste est créé fin 1991-début 1992. Il se réunissait au Carlo Levi,  au début de la rue Saint-Léonard. Dans son éditorial « contre la démagogie, faisons front » publié dans le deuxième numéro de son bulletin de liaison le FAF écrivait ceci : «Nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue ni encore moins avoir le monopole de la lutte anti-fasciste. Le mouvement contre l’extrême droite et contre le racisme est un mouvement très large qui englobe d’importants secteurs de la société, donc par conséquent pluraliste. Nous souhaitons engager avec d’autres un profond débat sur ce thème. (…) Pour faire barrage à l’extrême droite, il faut que dans les faits se constitue un large front qui regroupe toutes les forces démocratiques opposées à l’extrême droite y compris les mouvements associatifs et socio-culturels mais aussi tous les citoyens conscients »
A nouveau, ce Front Antifasciste se constitue notamment pour réagir à l’annonce de réunions publiques de l’extrême droite qui tente à plusieurs reprises d’organiser des meetings au Palais des congrès. Meetings qui ne se tiendront pas, grâce à la mobilisation. L’autre grande raison est la mobilisation pour une manifestation contre le racisme à Bruxelles qui sera un grand succès.
Dans cette période du début des années 90, il est notable que le mot d’ordre d’une des manifestations organisées par le Front Antifasciste était : « Pas de racisme, pas de fascisme, des emplois ». Et qu’il proclamait clairement que « L’antifascisme, ce n’est pas seulement empêcher les fascistes et leurs organisations de manifester, c’est aussi lutter contre les causes du fascisme, à savoir les exclusions sociales ».
En 94, ce sera la mobilisation contre l’ouverture du local d’Agir rue Surlet (près du Musée Tchantchès en Outremeuse) avec la création du Collectif d’Outremeuse contre l’extrême droite dont la liste des premiers signataires montre toute la diversité qui était rassemblée. Mouvements politiques et syndicaux, monde associatif et culturel, chrétiens et laïques…
Fin des années 90, dans le contexte de la construction du centre fermé de Vottem et d’une présence publique du parti REF, on assiste à une tentative de relance du Front Antifasciste avec cet appel : « Il est temps de sortir de nos petits souliers et de relancer un mouvement antifasciste conséquent ». C’est aussi à cette époque que le symbole du triangle rouge, déjà utilisé depuis plusieurs années par des groupes antifascistes, est produit et distribué sous forme de pin’s. Une manière de porter le message qui sera reprise ensuite par les Territoires de la Mémoire, association fondée en 1993 dans le même contexte que le Front Antifasciste, et qui perpétue depuis ce symbole, geste discret, mais clair pour dire non à l’extrême droite et à ses idées.
C’est également en 1993, le 13 avril, qu’est mis en place un Front Anti-Fasciste de Belgique composé des FAF d’Anvers, de Bruxelles, de Louvain, de Gand et de Liège. Charleroi et Verviers se joindront ensuite. Plus tard, en 1996, une coordination sera retentée sous le nom de Coordination antifasciste de Belgique qui, malgré son nom, ne couvrait que la partie francophone du pays mais avait des liens avec des organisations flamandes.
On le voit par ces brefs flash historiques, la lutte antifasciste n’a jamais vraiment disparu dans notre région. Elle a connu des hauts et des bas et s’est réactivée avec force et vigueur quand l’extrême droite tentait de s’implanter et de se structurer via une expression publique ou l’établissement d’un local. Citons ainsi encore pour terminer les mobilisations en 2007 contre la librairie en Hors-Château de l’éditeur d’extrême droite français Philippe Randa ou celles contre les tentatives de manifestation du mouvement Pegida en 2016… A chaque fois, l’anticorps a repris des couleurs, s’est mobilisé et a empêché cette structuration.
C’est à notre sens une raison importante de l’absence d’une réelle présence pérenne de l’extrême droite sur le territoire liégeois. Et c’est dans cette filiation que s’inscrit le Front Antifasciste créé en ce début d’année.


[1] Voir Julien Dohet « Qu’on réduise les dividendes et non les salaires », l’un des slogans du 1er Mai 1926 à l’écho contemporain in analyse de l’ihoes n°130 - 25 septembre 2014
[2] Sur cette dernière voir Julien Dohet, Un résistant d’extrême droite in Aide-Mémoire n°67 de janvier-mars 2014
[3] Jules Pirlot, Julien Lahaut Vivant, Cuesmes, Le Cerisier, 2010
[4] Voir notamment Julien Dohet La cohérence d’un engagement in Aide-Mémoire n°40 d’avril-juin 2007
  [1] Ce texte est basé sur un premier dépouillement des archives conservées à l’IHOES sur le sujet. Un travail qui sera affiné durant cet été.
 [1] Le MSI est le Mouvement Social Italien, créé dès décembre 1946 pour succéder au parti fasciste interdit. Cette date relativise la fin du fascisme avec la victoire de 45. Son symbole était une flamme tricolore qui servira de modèle au FN de Jean-Marie Le Pen. Il se scindera en 1995 entre une aile « modérée », l’Alliance Nationale, qui entrera au gouvernement en 2001, et une aile radicale minoritaire, le Mouvement Social-Flamme tricolore.




Voltaire comme alibi à la rupture du cordon sanitaire


 Cet article a été publié dans Aide-Mémoire n°89 de juillet-septembre 2019, p.11

Avec la dernière séquence électorale en Belgique, nous avons assisté avant et après les résultats à des débats sur la question de laisser la parole à l’extrême droite. Et plus largement à ce que l’on pouvait qualifier d’extrême droite à partir du moment où celle-ci modifiait son discours pour le rendre plus présentable, voire compatible. Ce fut aussi l’occasion pour beaucoup avec le mouvement Schild & Vrienden de découvrir les identitaires[1].

L’Islam menace la République
L’ouvrage que nous avons choisi d’analyser cette fois-ci est un interview croisée réalisée dans le cadre de la présidentielle de 2012 de deux responsables de mouvements ne se reconnaissant pas officiellement à l’extrême droite, Riposte Laïque de Pierre Cassen et Résistance Républicaine de Christine Tasin, et d’un qui n’en fait pas mystère, le Bloc Identitaire de Fabrice Robert[2]. Il est cependant frappant de constater rapidement que le vocabulaire et la terminologie de ce dernier est vite utilisée par les deux autres. Ainsi Cassen parle-t-il dès les premières pages de « substituions de population » pour désigner la présence des musulmans en France rejoignant là la théorie du « grand remplacement » et la thématique de la « remigration » chère aux identitaires. Cassen comme Tasin disent ouvertement se reconnaître dans le discours de Marine Le Pen, le premier utilisant d’ailleurs l’expression UMPS[3]. Des différences, apparaissent cependant entre le responsable des identitaires et ses deux interlocuteurs. Le premier se montre ainsi défenseur des identités régionales alors que les deux autres se positionnent en défenseur du centralisme républicain. Une autre différence est que Cassen dit encore croire en l’intégration des maghrébins qui respecte les lois de la République alors que, logiquement, Robert est sur un discours plus essentialiste. Enfin Robert ne croit pas en l’universalité des droits de l’homme, rejoint là par Tassin qui parle de « l’idéologie droitdelhommiste » alors que Cassen est pour l’imposition de celle-ci partout dans le monde.
Mais ce qui les fait se rejoindre est une conception d’une France assiégée de l’intérieur. La couverture du livre est très claire qui comprend un pavé jaune « l’Islam, un débat qui rassemble »  alors que sur Le 4e de couverture il est précisé que : « pour la première fois, ce livre lève le voile sur les acteurs souterrains de l’opposition à l’islamisation de la France, désormais majoritaire dans l’opinion malgré la pression de la bien-pensance politico-médiatique ». Cassen est ainsi extrêmement limpide dans sa description de ce qu’est Riposte laïque : « Tout d’abord, Riposte laïque est un média, il n’a donc pas vocation à se présenter à des élections. Il s’est créé pour réveiller les consciences et tenter de décomplexer la gauche (…) pour s’opposer à la dictature du politiquement correct représentée par Libération et Le Monde. (…) Riposte laïque s’est créée parce que la bien-pensance trouvait son compte dans le fait que certains thèmes ne puissent être évoqués que par des groupes identifiés à l’extrême droite (…) notre autre objectif est de faire cesser la diabolisation d’une prétendue extrême droite (…) Pour nous, aujourd’hui, le vrai fascisme, le vrai péril d’extrême droite, ce ne sont ni les identitaires ni Jean-Marie Le Pen ni sa fille. Le vrai danger, c’est l’islamisation de la France et le projet politico-facho-religieux qui découle de la montée de l’immigration »[4] et de préciser avec un certain sens de la formule : « Moi, je dirais France Halal et France racaille sont deux types de « France » de plus en plus importés, contre lesquels les Français se crispent, et à juste titre ! » [5]. L’immigration, quasi réduite exclusivement à l’Islam est donc vécue comme LE problème comme le précise Robert : « Le problème principal, c’est l’immigration de masse, parce qu’en  modifiant l’équilibre démographique elle transforme l’image de la France, transforme son substrat ethnoculturel »[6].
Sur l’Islam il n’est pas inintéressant de constater certaines contradictions. Ainsi après avoir souligné que « D’abord ces mosquées cathédrales ne s’accordent pas avec mon idée du paysage français : le village avec un clocher. Ensuite cette exigence de mosquées-cathédrales est disproportionnée par rapport aux besoins réels. (…) Selon moi, ces revendications en faveur de la multiplication de mosquées sur notre sol obéissent à un objectif politico-religieux de conquête », tout comme la question du voile et du Halal formant une sorte de trinité dangereuse, la discussion tourne sur ce qu’est l’Islam. Et Tasin d’expliquer : «le problème, c’est que l’Islam enseigné dans les mosquées n’est pas celui-là. Et c’est normal, parce qu’il n’y a qu’un seul Islam, lequel se fonde sur le Coran, et dont les prescriptions sont incompatibles avec la République… Sans compter que les interventions étrangères y sont de plus en plus nombreuses : on a des mosquées salafistes, des mosquées algériennes… chacune véhicule un certain nombre de concepts propres à sa minorité »[7], reconnaissant ainsi une pluralité dans l’Islam qui reste cependant incompatible quel que soit sa forme car « Je ne sais pas ce que signifie l’expression « Islam de France ». Parlons plutôt d’Islam en France, puisque cette religion est exogène à l’Europe »[8].

Une alliance face au danger
C’est face à cette menace que les trois mouvements ont mené ensemble une opération médiatique avec un apéritif saucisson-pinard. Ils se positionnent ainsi comme les nouveaux résistants : « Nous avions prévu un plan B, toujours dans l’esprit de Résistance à l’Occupant. C’est Pierre, il me semble, qui avait proposé cette idée de se retrouver devant la plaque commémorative de l’Appel du 18 juin 1940 »[9]. Cassen n’est nullement dupe sur le positionnement qu’il adopte ainsi, prétextant la liberté d’expression pour expliquer son alliance avec l’extrême droite radicale : « à Riposte Laïque, nous nous réclamons de la liberté d’expression. Et nous sommes obligés de constater que Marine Le Pen ne tient pas le discours d’extrême droite traditionnel, qu’elle n’a pas le même discours que son père. Sur la question du voile et de la Burqa notamment et, plus largement, sur l’islamisation de la France et sur la République, elle est la femme politique dont le discours se rapproche le plus du nôtre »[10]. Il assume ainsi totalement un rapprochement qui lui permet d’avoir des troupes militantes : « Nous avons compris que cette opération pouvait permettre aux identitaires de sortir d’une certaine diabolisation, d’acquérir une respectabilité dont ils étaient demandeurs »[11]. Pour justifier cette rupture d’une forme de cordon sanitaire, il appelle à la rescousse Voltaire : « De nos jours, les Voltaire ne sont plus qu’un souvenir : ils ont cédé la place aux commissaires politiques, aux ligues de dénonciation et à toutes les formes de police de la pensée dotées de leurs bataillons juridiques »[12]. Une phraséologie, un discours, que nous entendons de plus en plus en Belgique également. Tout comme la stratégie utilisée pour contourner, via la « réinfosphère » les silences médiatiques : « Internet est donc un moyen de contourner la diabolisation et le silence médiatiques. C’est également un instrument de mobilisation de la majorité silencieuse contre les élites (…) chez les identitaires, nous considérons la rue,  mais aussi les réseaux informatiques, comme nos permanences politiques… »[13]

Un programme bien bien à droite
Mais le plus intéressant est de voir qu’au plus la discussion entre les trois personnes se développe, au plus la parole se libèrent, et que Cassen et Tasin utilisent de plus en plus le vocabulaire mis en place par la Nouvelle Droite[14]. Ainsi Cassen de parler de « racisme anti-blanc » tandis que Tasin développe une vision réactionnaire de la société avec sacralisation du drapeau, de la personnalité du Président… et une vision de l’enseignement particulièrement droitière, proche du discours et des valeurs vichyste[15] : « Il est indispensable de restaurer l’effort, l’autorité, l’appétit du savoir… il faudrait aussi que les enseignants soient sommés, sous peine d’exclusion, de ne pas faire de prosélytisme en classe. Pas de politique, pas de militantisme. Il y a maintenant la mode de l’enseignement de l’éducation civique, dans les lycées, où les enseignants ont le choix des sujets. Evidemment, ceux qu’ils choisissent tout le temps sont l’esclavage, les droits de l’homme, la colonisation… chercher l’erreur. »[16]. Et de prolonger : « La reconquête républicaine, pour moi, c’est une école où les profs cessent d’avoir peur devant les élèves, c’est un pays où les policiers sont respectés, c’est un pays où on réapprend le respect, où on réapprend le travail. C’est un pays où on retrouve du bon sens. »[17]. Robert des identitaires multiplient lui les formules chocs. Ainsi après un « plutôt Vesoul que Kaboul » précise-t-il : « Pour moi, c’est « Ni Kebab, ni Mac Do ». Pourquoi devrais-je choisir entre les deux termes d’une alternative qu’une tierce personne me propose ? Eh bien, je refuse les deux ! Je propose une troisième voie : elle est européenne »[18]
Comme on a pu le voir, le discours essentialise les choses, les naturalise pour les figer dans une permanence visant à rendre incompatible deux mondes qui seraient totalement opposés. Et Robert d’être particulièrement limpide : « Quand une vache naît dans une écurie, ça n’en fait pas un cheval. Donc, quand un Algérien naît en France, çà n’en fait pas un Français ! »[19]


[1] En Belgique francophone cette tendance est incarnée par Nation. Voir Identitaire ou nationaliste : en un mot Fasciste ! in Aide-Mémoire n°88 d'avril-juin 2019, p.11
[2] Cassen, pierre ; Tasin, Christine ; Robert, Fabrice. Entretiens menés par André Bercoff Apéro saucisson-pinard. Coulisses et enjeux d’un rassemblement qui a secoué la France, Suisse, Xenia, 2012
[3] P.63
[4] P.53
[5] P.115
[6] P.34
[7] P.90
[8] P.91
[9] P.23
[10] P.27
[11] P.22
[12] P.7
[13] P.35
[14]  Voir L’inégalité comme étoile polaire de l’extrême droite in AM n°66 d’octobre-décembre 2013, Le Gramsci de l’extrême droite in AM n°78 d’octobre-décembre 2016, et De la porosité de la droite envers l’extrême droite in Am n°84 d’avril-juin 2018
[15] Voir Faire don de sa personne in AM n°86 d’octobre-décembre 2018
[16] Pp.135-136
[17] P.198
[18] P.107
[19] P.20