Cet édito est paru le 25 mars 2013
Nos ministres fédéraux, après être allés chercher l’inspiration à Rome (y compris ceux qui se disent laïques), sont actuellement réunis en conclave. Non pas pour élire un nouveau pape, mais pour réaliser un nouveau miracle. Qui comme tous les miracles sera, dans les faits, un tour de passe-passe, une grande illusion destinée à tromper une foule crédule.
2,5 milliards d’euros seraient donc encore à trouver. Somme approximative et qui fluctue selon les jours, mais qui reste non négligeable. D’autant qu’elle s’ajoute aux 21 milliards déjà trouvés depuis décembre 2011. C’est donc l’équivalent de plusieurs « plan global » de sinistre mémoire, que nous avons déjà subis, et ce sans réactions proportionnelles. La technique du saucissonnage semble donc fonctionner à merveille. Il est ainsi assez clair que dès l’élaboration du budget en novembre-décembre le gouvernement savait que la facture totale serait de 6 milliards et que c’est par pure tactique qu’il a divisé l’effort. Et profitons de cet éditorial pour révéler un scoop : ce n’est pas fini.
Je ne suis pas devin, ni dans le secret des dieux. J’ai simplement suivi ce que la Belgique a accepté de la part de l’Europe. Soit un effort budgétaire colossal et une logique économique basée uniquement sur les aspects financiers et non sur les aspects sociaux ou même industriels. Car ce sont bien les mêmes politiques, qui s’indignent et accusent l’Europe, qui ont voté les lois qui permettent à celle-ci de restreindre la souveraineté nationale. On le constate dans le dossier de la sidérurgie qui pose la question de l’industrialisation de l’Europe. On le constate également dans le dossier de la signature du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG déjà abordé dans mes éditos du 19.11.2012 et du 28.01.2013) qui limitera à nouveau la marge de manœuvre budgétaire des États. Et qui est à prendre ou à laisser, contrairement à ce qu’a essayé de faire croire le gouvernement wallon cette semaine. La doxa européenne actuelle est aujourd’hui partagée par tous les partis politiques de pouvoir, que ce soit en Belgique comme dans les autres pays européens. On le voit en France où le « changement » promis par le PS a oublié de modifier le cap de l’austérité imposée par l’Europe. Ce qu’a résumé parfaitement l’émission Groland en disant que François Hollande était un président normal, c’est-à-dire de droite… Et qui prouve bien que l’argument sur le « vote utile » pour s’opposer à la candidature de Jean-Luc Mélenchon était un paravent pour éviter les débats sur des positionnements de fond.
C’est donc sous couvert d’obligations européennes que le gouvernement s’apprête à mettre une couche supplémentaire aux mesures d’austérité qui ne montrent leur efficacité que dans le redressement des bénéfices boursiers, éclairant par la même quel est le vrai objectif de telles mesures. Aux rayons des nouvelles horreurs envisagées[1] :
- Hausse de la TVA,
- Nouvelle attaque sur les chômeurs en réduisant les allocations à 4 ans,
- Contribution de solidarité sur tous les revenus,
- Suppression d’un jour férié,
- Retrait de la prime de rentrée scolaire,
- Renforcement des bonus et des malus pour les retraités,
- Fin de la déductibilité du paiement des pensions alimentaires.
S’opposer à cette logique apparaît de plus en plus comme une question de vie ou de mort pour notre modèle social. Depuis 2010, quatre pays (Portugal, Espagne, Irlande et Grèce) ont été mis sous la coupe de la Troïka européenne. Dans tous ces pays, le niveau de vie de la majorité de la population s’est effondré. À chaque fois, les médias se sont bien attachés à stigmatiser les habitants pour éviter d’être solidaires avec eux. Le dernier exemple étant Chypre dont le Parlement est le premier à avoir osé voter contre un plan européen, mais dont on nous dit que l’explication est à trouver dans le contrôle exercé par la mafia russe. À la vitesse où vont les choses, la Belgique pourrait être touchée demain. On suppose que le fait d’avoir pu bénéficier du système des prépensions et d’avoir un chômage non limité dans le temps sera souligné alors pour dire combien les Belges ont péché et méritent donc une punition.
Face à cette solution, trois options s’offrent à nous :
- Se résigner et subir en silence la pénitence imposée.
- Prier et espérer un miracle qui ferait que la Belgique ne soit pas touchée comme les autres pays.
- Se mobiliser et se battre pour changer les choses.
[1] La Libre du 22 mars 2013 en première page
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