vendredi 28 mars 2008

Conférences "province"

Le service "éducation permanente" du secteur culture de la province de Liège publie chaque année une brochure reprenant les conférenciers qu'elle reconnaît. Je serai repris dans cette brochure pour la saison 2008-2009 avec les conférences reprises ci-dessous.

  • L’extrême droite, un mouvement politique durable

Voici maintenant plus de vingt ans que l’extrême droite est revenue sur le devant de la scène en Belgique. Loin d’être un phénomène nouveau, elle s’inscrit dans une histoire que d’aucuns font remonter à la Révolution Française. Qu’en est-il réellement ? Existe-t-il des liens entre les années 20-30 et aujourd’hui ? Quels sont les partis d’extrême droite en Belgique ? Quel est leur programme ? Quelle est leur stratégie de communication ? C’est à toutes ces questions, et bien d’autres, que la conférence tente de donner des balises et des pistes de réflexions pour terminer sur l’interrogation « Que Faire » ?

1h30 + débat.

Remarques : La longueur et les éléments abordés sont modulables selon les souhaits des organisateurs. Il est également possible d’organiser une journée de formation avec module(s) participatif(s).

  • L’extrême droite sur Internet

Aujourd’hui, Internet est devenu un média central, principalement pour les jeunes. Il interpelle cependant par son absence de filtre critique et sa facilité d’accès et d’utilisation. La conférence analyse comment l’extrême droite utilise Internet pour diffuser son message. A partir des sites belges, nous explorerons la toile pour découvrir les nombreuses ramifications et décoder le discours tenu.

1h00 + débat.

Remarques : Une connection à Internet est souhaitable pour dynamiser la conférence. Il est également possible d’organiser un module de formation avec exercices pratiques.

  • La caricature dans la presse belge francophone entre 1940 et 1944

Aujourd’hui encore, le dessin de presse en dit parfois bien plus long sur une situation politique ou sociétal que des articles très fouillés. Durant l’occupation, la caricature fut également utilisée pour diffuser un message, pour relater la vie quotidienne. Nous analyserons comment les dessinateurs qui ont collaborés ont décrit les différents épisodes de la seconde guerre mondiale et quels sont les thèmes qu’ils ont abordés. Nous verrons également que la Résistance n’a pas, malgré ses faibles moyens, négligés cette forme de communication. Plus largement, ce sera l’occasion de pratiquer la critique et le décodage de l’image.

1h30 + débat.

  • Gauche – Droite, une opposition dépassée ?

Les concepts de gauche et de droite ont longtemps structuré le paysage politique de notre pays. Nés lors de la Révolution française, certains les disent aujourd’hui dépassés, obsolètes. Pourtant ils apparaissent à l’analyse encore pertinents pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. Après avoir clarifié un certain nombre de balises, nous analyserons le paysage politique belge francophone, sans pour autant oublier la Flandre.

1h30 + débat.

Remarques : Une connection à Internet est souhaitable pour dynamiser la conférence. Il est également possible d’organiser un module de formation avec exercices pratiques.

  • Histoire sociale de Belgique

L’histoire de Belgique se résume trop souvent à l’histoire de ses rois, de ses grands capitaines d’industrie, bref de ses hommes illustres. Avec cette conférence, c’est de l’histoire des « sans » que nous parlerons. Nous verrons comment des luttes ont permis la conquête du droit de vote, la fin du travail des enfants, la réduction du temps de travail, la sécurité sociale… Ce sera l’occasion de s’interroger sur la mémoire d’une société et sur la construction de l’histoire officielle. Ce sera aussi l’occasion de relativiser des discours dits « modernes » et d’interroger notre présent grâce à notre passé. Bref, nous réinterrogerons les luttes collectives qui ont permis l’émancipation des individus.

1h30 + débat.

Remarques : La longueur et les éléments abordés sont modulables selon les souhaits des organisateurs. Il est également possible d’organiser la matière en module(s) participatif(s). Ce thème peut aussi être abordé par le biais de visites guidées.

  • Histoire et structure de la sécurité sociale

Aujourd’hui en Belgique, on estime que 17% de la population vit à la limite ou sous le seuil de pauvreté. Sans la sécurité sociale, ce chiffre serait d’un minimum de 35%. Cette sécurité sociale que nous sommes un des rares pays au monde à posséder n’est pas un don du ciel, mais bien le fruit d’une histoire sociale mouvementée. La conférence retrace l’histoire de cette conquête avant d’en analyser la structure, le financement et les perspectives d’avenir.

1h30 + débat.

  • Le droit de vote, une conquête inachevée

Lorsque la Belgique conquiert son indépendance en 1830, le nouvel état ne permet pourtant qu’à moins d’1% de sa population de voter. Pourtant dès cette époque le pays est considéré comme une démocratie parlementaire. C’est après de nombreuses manifestations et plusieurs grèves générales que le Suffrage Universel sera obtenu. Mais un Suffrage universel réservé à des habitants ayant un certain sexe, un certain âge et une certaine nationalité ! L’histoire du droit de vote nous permet donc de nous interroger également sur l’importance des mots et sur leur relativité.

1h00 + débat.

  • Les coopératives, une formule passée pleine d’avenir

En Belgique, des Groupes d’Achats Communs se multiplient. En Argentine, au lendemain de la crise de 2001 des travailleurs ont repris leur entreprise sous une forme coopérative, phénomène existant également en Belgique. Cette forme d’organisation de l’économie n’est cependant pas neuve. Dans notre pays, elle a même donné naissance à un mouvement puissant qui formera l’épine dorsale du mouvement ouvrier, tant socialiste avec les Maisons du Peuple, que catholique avec le « Bien être ». Nous retracerons cette histoire en nous attachant à en comprendre le succès et les raisons de la disparition du mouvement coopératif de consommation dans les années 1980 avant de revenir sur les perspectives qu’offrent de telles formules aujourd’hui.

1h00 + débat.

mercredi 12 mars 2008

Un libertin à Compostelle

Cet article a été publié dans Espace de Libertés n° 362 de mars 2008, p.30

Etienne Liebig publie son carnet de voyage de la route limousine du pèlerinage de Compostelle où, partit de Vézelay, il a rencontré un maximum de catholique de tous types. La motivation de l’auteur est d’emblée annoncée : « Je n’ai rien contre les catholiques. On verra même que, pour reprendre la célèbre expression, je suis plutôt « tout contre ». J’ai écrit ce journal non pas contre leur croyance, mais contre une pensée totalitaire qui asservi les humains. Je l’ai écrit contre un dogme surréaliste fondé sur l’hypothétique retour d’un OGM conçu par une vierge et un bon Dieu sourd comme un pot. Je l’ai écrit parce que je ne crois pas en Dieu »[1]. Et l’auteur de croiser le long de sa route un panaché de ce qui compose les fidèles de la religion catholique et de nous les décrire avec de nombreux détails qui rappelleront à tous des souvenirs de personnes rencontrées. L’auteur écrit au vitriol et ne fait guère dans la nuance. Ainsi, assistant à la messe : « l’office est encore plus ringard que dans mon souvenir : des jeunes gens sympathiques et très comme il faut grattent trois accords sur des guitares désaccordées en poussant d’une voix fausse des cantiques débiles. Le curé, extatique, les couve du regard. Tout cela, sous l’apparat et la pompe, est extraordinairement primitif (…) »[2]

Afin de pouvoir mener son enquête, Liebig ne cesse de mentir, à commencer bien sûr en ce qui concerne sa foi mais aussi sur son parcours puisqu’il n’hésite pas à prendre le car ou le train pour avancer dans son périple. Son but ultime est d’arriver à introduire un groupe de traditionalistes pour lesquels il n’a aucune pitié : « les voilà donc, ces mulets de la pensée, ces morts-vivants de la Foi ! Certes, dans la vaste famille des catholiques traditionalistes, on trouve des allumés d’Emmanuel, des braves gens abusés par le décorum et la messe en latin et même des théoriciens pervers frisant avec l’extrême droite, mais les plus inquiétants restent, et de loin, les vrais fachos (…) tous plus violents qu’une bourgeoise le premier jour des soldes chez Kenzo. Ce sont les plus dangereux. Vingt siècles durant, ils ont fait pendre, brûler, déchirer, garrotter au nom du Dogme. Au sein de l’Eglise, ils forment un monde à part, posé sur quatre piliers : la haine, la paranoïa, la nostalgie et le trucage. (…) La haine est leur mot de passe (…) Haine des communistes, des immigrés, des jeunes, du système éducatif, etc. Ils ne se bornent pas à des modèles simples, ils osent la détestation générale (…) Le grand complot est le fait des francs-maçons, des juifs ou des communistes. Satan est partout. »[3]

L’auteur dénonce surtout l’hypocrisie sexuelle du message catholique. Comme tous les livres édités ou diffusés par La Musardine, l’ouvrage d’Etienne Liebig[4] est à mettre dans des mains averties du caractère détaillé et cru des aventures sexuelles du personnage principal. Même si la fin s’avère décevante et brouille quelque peu le message libertin pourtant revendiqué, ce journal d’un pèlerinage atypique à Compostelle déridera plus d’un laïque – et peut-être d’un catholique – à défaut de nous rendre plus objectif.

Notes

[1] Etienne Liebig, Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle, Paris, La Musardine, 2006, p.9

[2] p.131

[3] pp.123-124

[4] Celui-ci, chez le même éditeur (www.lamusardine.com)