Cet article est une version complétée par des renseignements obtenus depuis du texte qui a été publié dans Le Drapeau Rouge n°19 d'octobre 2007, p.17
Marcel Deprez est né à Ans le 5 mars 1920 d’un père receveur des contributions et d’une mère institutrice[1]. C’est donc à l’âge de 87 ans que cet homme à la vie militante bien remplie est décédé. Beaucoup de personnes l’ont connu comme inspecteur pour les bibliothèques et l'éducation nationale puis comme secrétaire général des affaires culturelles de la Communauté française (successeur de Marcel Hicter), fortement attaché au secteur de l’éducation permanente qu’il concevait réellement comme un outil d’émancipation exigeant, loin de la standardisation culturelle mise en avant par les médias. Marcel Deprez s’était impliqué dans de nombreux projets liés à la formation des adultes. Citons parmi de nombreux autres Peuple et Culture Wallonie-Bruxelles, Lire et écrire, les CEMEA et Canal Emploi.
Pour ma part, c’est principalement comme ancien résistant que je l’ai connu quand j’ai commencé à travailler à l’Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale qu’il avait fondé avec Michel Hannotte et qu’il présida de sa création à récemment. Ce docteur en Histoire aura finalement consacré sa vie à la lutte antifasciste. Car c’est dès le début de l'occupation (mais officiellement en décembre 1942 d'après son dossier du PCB), que ce militant inscrit au Jeunes gardes Socialistes depuis 1936 rejoint la résistance où il sera actif au sein des Partisans Armés du Front de l’Indépendance. Il lutte clandestinement contre l’occupant en compagnie de son frère René. Il y sera nommé adjoint du Commandant du Régiment Ourthe Amblève et participe notamment au sabotage du pont d'Esneux dans le cadre d'un vaste plan qui fera réussir 17 des 18 opérations prévues dans la nuit du 8 au 9 août 1944. Membre du Parti Communiste à partir de 1943 (il en sera exclu après guerre), Marcel Deprez est arrêté le 21 août 1944 pour « port de faux papiers » et réfractaire au service du travail obligatoire. Reconnu comme résistant, il échappe de peu à l'exécution à la Citadelle de Liège et est déporté au camp de Bergen-Belsen en Allemagne au début du mois de septembre, soit juste avant la libération de la Belgique. Libéré le 10 avril 1945, il rentre en Belgique le 27 du même mois.
Cet engagement dans la Résistance et les valeurs qui y sont liées restèrent jusqu’au bout fondamentaux. C’est ainsi que Marcel Deprez avait participé très activement à la récolte (et donc au sauvetage) de précieuses archives de différents résistants de la région liégeoise à l’occasion d’un colloque et d’une exposition de l’IHOES en 1991, travail qui sera continué ensuite et qui donnera naissance à trois expositions et deux ouvrages. Mais le travail d’historien, il le concevait comme un travail au sein de la cité et pas seulement dans les archives. Il s’agissait pour lui de donner aux générations suivantes un héritage vivant et non un souvenir figé. De transmettre un « esprit de la Résistance ». Cette Résistance qui, outre son combat contre le Nazisme, lutta pour un monde meilleur, pour que la démocratie politique une fois restaurée soit complétée par une démocratie économique et sociale dont la sécurité sociale fut aussi une des concrétisations, à l’image du programme du Conseil National de la Résistance en France[2]. C’est pourquoi il s’investira jusqu’à son dernier jour au sein du Front de l’Indépendance dont il sera le président tout en s’occupant de la Maison de la Résistance et du Musée national de la Résistance. Sans oublier le travail de longue haleine que fut la publication de Résistance liégeoise, le périodique de la section liégeoise du FI, jusqu’à nos jours.
Pour résumer ce que je retiens de ce qu’était Marcel Deprez, je m’appuierai sur un texte qu’il avait publié dans le magazine Espace de libertés en février 2002 à l’occasion d’un dossier consacré au Terrorisme et qu’il avait intitulé : quelle différence entre terrorisme et guérilla. En marxiste qu’il était, il y rappelait que « pour être concret et traiter de façon critique le fait et le faire du terrorisme, essayons de l’analyser dialectiquement dans sa relation avec une société que d’aucuns veulent garantir et d’autres transformer » et écrivait ainsi un texte exigeant dans sa lecture mais qui se refusait au simplisme et au suivisme du climat dominant pour questionner le système démocratique dans ses pratiques.
[1] Outre nos propres connaissances, ce texte a été réalisé sur base des renseignements fourni par le CARCOB, centre des archives communistes en Belgique, par le texte de Joseph Pirlet, président de la régionale de Liège-Verviers du FI rédigé pour le bulletin du FI et d’un texte de Jean-Marie Lange diffusé par courriel
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