mercredi 25 février 2009

Tous ensemble ! Réflexions sur l’avenir des syndicats

Cet article a été publié dans Syndicats du 13 février 2009, p.4


« (…) L’expérience des luttes sociales révèle, de manière plus ou moins explicite, le refus, lorsque les rapports de force le permettent, de se laisser déléguer encore au syndicat quand on a dû déjà tant déléguer à l’entreprise. Si bien que la question des pratiques démocratiques au sein même des mouvements de contestation sociale reste toujours posé pendant les luttes sociales : les syndicats peuvent-ils tolérer en leur sein des pratiques qu’ils ne cessent de combattre à l’extérieur ». Cet extrait de la préface de Matéo Alaluf pose bien une des questions fondamentales qui traversent cet ouvrage : celle de l’adéquation entre le discours et les actes. En une centaine de pages, Jérémie Detober permet à deux dirigeants syndicaux, Jean-Marie Piersotte pour la CNE- et Paul Lootens pour la Centrale Générale - de brosser un (trop) court tableau de la situation des syndicats en Belgique.

D’une lecture aisée, rendue vivante par les nombreux exemples concrets développés pour appuyer le propos, ce livre insiste notamment sur la complexité du système de concertation sociale[1] et les nombreuses réalités que celle-ci recouvre et qui sont parfois difficilement compréhensibles par les travailleurs qui sont pourtant les premiers concernés. Mais le plus grand mérite de l’ouvrage réside dans les nombreuses questions qu’il aborde sans tabou. Ainsi du difficile débat entre l’écologie, l’éthique et la défense de l’emploi ; de l’influence des médias sur la perception par le public (mais aussi par les travailleurs syndiqués) des conflits sociaux, des relais politiques pour le monde du travail et d’une alternative anticapitaliste crédible… Il ne fait pas non plus l’impasse sur des débats plus interne comme celui d’un syndicat unique, de l’importance de la formation des militants, du rôle de la violence et de ce que l’on entend par celle-ci…

Enfin, le livre met bien en évidence que si le pôle service et défense des affiliés est parfaitement rempli par les syndicats, on ne peut en dire de même de ces deux autres pôles que sont la dimension de mouvement et l’éducation populaire. Il apparaît que c’est à ce niveau que se joue l’avenir entre un syndicalisme institutionnalisé et un syndicalisme combatif et démocratique.


Notes

[1] Voir à se sujet un autre ouvrage tout aussi instructif : Étienne Arcq et Pierre Blaise, Les organisations syndicales et patronales, Bruxelles, CRISP, 2008

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